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L’étau

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L'étau, Pierre VALLAUD

L'étau, Pierre VALLAUD

Passionné par la deuxième guerre mondiale  je dois admettre que si  je devais penser à l’URSS durant cette période,  il me venait à l’esprit l’opération Barbarossa, la bataille de Stalingrad, voire la bataille de Berlin. « Devais » car dorénavant le siège de Leningrad  (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) figure également en très bonne position. 

J’aimerais commencer mon billet par cette phrase inscrite en quatrième de couverture : « En 900 jours de siège – de juin 1941 à janvier 1944-, plus d’un million de soldats et de civils ont trouvé la mort ». Ca plante le décor…

Ça pourrait également plomber l’ambiance et rebuter certaines personnes, mais le livre se lit très facilement et, malgré sa thématique, il est très agréable. L’auteur en effet a eu la très bonne  idée de séparer son texte en 92 chapitres (j’ai compté). Ils ne vont pas au-delà des 4-5 pages et ont un titre bien distinct. Ainsi l’on peut retrouver très aisément un personnage, une scène, une anecdote,  une histoire, un affrontement, un témoignage, etc. 

Il faut tout de même reconnaître que l’on est embarqué dans l’une des plus terribles batailles de toute l’histoire de l’humanité. Et le lecteur s’en rend compte dès le début : « d’emblée c’est en effet une lutte à mort qui se déroule » (au sein du chapitre  bien nommé « extermination  idéologique »).  Grâce à leur Blitzkrieg, les Allemands  les plus pessimistes  pensaient faire capituler l’URSS en six semaines maximum. Mais l’URSS n’est pas la Pologne. On est même très loin du petit mois qu’il avait fallu pour faire plier l’ état d’Europe centrale. L’héroïque population de Leningrad a tenu bon dans les pires conditions possibles pendant près de trois années d’enfer. Une des conséquences dramatiques de ce siège fut la lutte contre la faim qui a poussé certains habitants à manger des rats mais surtout à pratiquer le cannibalisme. Vous trouverez d’autres détails sordides à ce sujet dans le livre. 

L’étau… Le livre porte bien son nom.  D’un côté il y avait bien sûr Hitler qui, au vu de la situation d’immobilisme, décida de créer un siège et de laisser mourir de faim la population (ainsi sans se salir des mains déjà bien tachées). Mais de l’autre côté il y avait Staline… Un autre dictateur. « Leur » dictateur ! Durant le mois de juillet 1941 ce dernier déclare à la radio son fameux « plus un pas en arrière » qui deviendra le slogan de référence pour tout Russe jusqu’à la fameuse bataille de Berlin. Cette phrase n’était pas une simple tirade, il fallait vraiment la prendre à la lettre. Reculer était se condamner à mort. Si un soldat russe faisait un pas en arrière, il risquait de se faire tuer volontairement par les siens. Sur les 25 millions de morts russes de 1941 à 1945 pas toutes ne sont dues au nazisme… A ce propos on ressent très bien dans le livre ce sentiment terrible de la ville prise en tenaille entre  les Allemands et les hommes de Staline qui pourchassent tout citoyen et soldat russe faisant preuve de traîtrise, normale en temps de guerre, mais on pouvait également risquer d’être fusillé pour simplement avoir fait preuve de pessimisme, de lâcheté, d’avoir  divulgué  des rumeurs négatives,  d’avoir  pratiqué  le marché noir, etc.

Comme pour d’autres récits qui relatent les évènements de manière chronologique très rapprochés (je pense par exemple à Paris brûle-t-il ? ), l’on vit et l’on souffre aux côtés de la population. Petit à petit les privations en tout genre deviennent de plus en plus grandes, de plus en plus insupportables. Il y a des chapitres qui marquent plus que d’autres comme par exemple « Un problème de conscience » qui nous raconte la mise en place de « cette  destruction de masse par la faim [qui] fait partie de la planification de l’élimination des peuples de l’Union soviétique, les morts de Leningrad n’étant qu’une partie de l’entreprise ».

Heureusement l’ouvrage nous offre des anecdotes qui, malgré le fait qu’elles soient liée à la tragédie humaine, réussissent à nous faire sourire. Comme par exemple lorsque les  Allemands, après une importante progression sur le terrain, occupent « la station d’Alexandrovska, dernière station de tramway de Leningrad dans les faubourgs ». Le tram fonctionne comme en temps de paix et les habitants prennent le tram sans se soucier des Allemands. Ces derniers pourraient carrément monter dans le tram qui les amènerait tout droit au centre de la cible, au centre de Leningrad ! Incroyable anecdote.

Je conseille vivement  ce livre qui mérite l’attention de tous.
En outre, par devoir de mémoire, il doit être lu et partagé.

VALLAUD, Pierre. L’étau. Fayard, 2011. 384 p.
Disponibilité



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